Questions fréquentes (FAQ)

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les évangéliques...

Qui sont les évangéliques ?

Que vivent-ils ? Pourquoi parle-t-on si souvent d’eux ? Voici un petit lexique pour mieux connaître cette branche du protestantisme.

Les évangéliques font régulièrement l’objet d’articles ou d’émissions de radio et de télévision, que ce soit en raison de cultes attractifs, de leur engagement en faveur d’une éthique chrétienne, etc. Près de 90% des Suisses ont déjà entendu parler des évangéliques comme le confirme un sondage MIS Trend de janvier 2007. Selon ce même sondage, plus d’un Suisse sur deux sait que les évangéliques sont des chrétiens engagés et pratiquants (59,7%). Seuls 10% des Suisses les associent à un mouvement sectaire. Mais qui sont-ils réellement ? Destiné à tous eux qui aimeraient en savoir plus, ce petit lexique a été réalisé par le Réseau évangélique, organisation faîtière des évangéliques en Suisse romande.

Par Jean-Paul Zürcher, secrétaire général du Réseau évangélique, la branche romande de l’Alliance évangélique suisse.

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... des Suisses ont déjà entendu parler des évangéliques

«Evangéliques» ou «évangélistes»?

L’adjectif «évangélique» se réfère à l’Evangile. Il désigne certains chrétiens rattachés au protestantisme. Ce terme identifie aujourd’hui un courant particulier du protestantisme. Il ne faut pas confondre «évangélique» avec «évangéliste». Ce dernier vocable désigne les auteurs des quatre Évangiles. Il qualifie également un prédicateur de l’Évangile aux non-croyants.

Des racines et une histoire

Le courant évangélique a déjà cinq siècles d’histoire. Ses racines remontent au début du protestantisme, au XVIe siècle. Aujourd’hui encore, les chrétiens de conviction évangélique partagent les valeurs fondamentales des réformateurs (Martin Luther, Jean Calvin, etc.) :
• Le salut est une grâce de Dieu, une faveur imméritée (sola gratia).
• Dieu ne nous déclare juste qu’en raison de notre foi, et non par nos mérites (sola fide).
• La Bible constitue l’unique autorité pour définir la foi du croyant (sola scriptura).
• Christ est l’unique chemin de salut (solus Christus).
• A Dieu seul la gloire, lui qui a pris l’initiative de nous réconcilier avec lui (soli Deo gloria).

Comment définir la foi évangélique?

Trois points sont partagés par l’ensemble des chrétiens de conviction évangélique :
• La valeur essentielle de la Bible comme référence de la foi évangélique. Elle est considérée comme la norme autant sur le plan théologique que pratique.
• L’importance de la conversion personnelle. On ne naît pas chrétien, on le devient par choix personnel et engagement individuel. C’est ce qui explique l’importance accordée au baptême d’adulte.
• L’universalité du message de l’Evangile et l’importance, pour les chrétiens évangéliques, de le faire connaître autour d’eux dans le respect de la liberté individuelle.

Les évangéliques sont-ils d’origine américaine?

Le mouvement évangélique est actuellement en majorité un mouvement des pays du Sud, et non un mouvement occidental. Considérer les évangéliques comme un mouvement américain est donc inexact. L’Histoire nous apprend que le mouvement évangélique, avant même de naître aux Etats-Unis, a émergé en Europe, dans la Réforme dite «radicale» qui revendiquait la séparation des Eglises et de l’Etat. De nombreux évangéliques ont émigré en Amérique, à cause du manque de liberté religieuse qui sévissait en Europe et dans notre pays. Les évangéliques suisses ne dépendent d’aucune instance dirigeante située ailleurs dans le monde.

Les évangéliques sont-ils une secte?

Il nous faut d’abord préciser le terme «secte», puisqu’il a trois sens possibles: étymologique, sociologique, dangerosité. Si la secte se définit par le fait de ne pas pouvoir entrer librement, sortir librement, être dirigée par un gourou, ne pas laisser la liberté de conscience, exercer des contraintes financières, alors les Eglises évangéliques ne peuvent assurément pas être classées parmi les sectes. Les évangéliques sont très attachés au principe démocratique. L’engagement de pasteurs ou les décisions relatives à la direction de l’Eglise sont généralement soumises au vote des membres de la communauté locale. Ce fonctionnement est à l’opposé de la domination d’un groupe par un gourou. Mais comme tout groupe humain, elles ne sont pas non plus à l’abri de possibles dérives.

Comment expliquer la croissance des évangéliques?

Des raisons extérieures
• La laïcisation de la société suisse depuis la deuxième moitié du XXe siècle a provoqué le déclin des grandes Eglises et la perte de repères spirituels et moraux.
• La modernité n’a pas tenu ses promesses. L’homme d’aujourd’hui est déçu des effets négatifs que le progrès technique a entraînés, isolant les individus dans des rapports de plus en plus virtuels.
• Dans le même temps, le besoin de réponses aux questions existentielles n’a pas diminué.
Des raisons propres
• Devenir «chrétien évangélique» par libre choix est une notion moderne qui répond aux aspirations d’aujourd’hui. Chaque évangélique est invité à mettre l’Evangile de Jésus-Christ en pratique dans sa vie personnelle, ce qui constitue un projet de vie.
• La doctrine protestante évangélique répond à la demande d’authenticité, de respect de la personne humaine et de ses besoins dans tous les domaines de la vie.
• Les Eglises évangéliques développent une grande capacité d’adaptation: elles peuvent se réunir dans un salon chez un particulier ou compter plusieurs milliers de membres… et survivre dans les pays où règne la persécution religieuse!
• Foi personnelle et salut personnel font appel à un engagement et à la responsabilité individuelle. Ainsi les membres des Eglises évangéliques participent activement à la vie de leur communauté.
• La mise en avant des dons de l’Esprit Saint, tels que la Bible les définit, encourage chaque membre à une participation active et souvent très créative, ce qui rend la vie de l’Eglise vivante, spontanée et conviviale.

Les évangéliques font-ils du prosélytisme?

Le mot «prosélytisme» est devenu aujourd’hui franchement péjoratif et même abusivement synonyme de «racolage». Ce terme évoque une propagande religieuse massive comportant des éléments de pression, de harcèlement et de conditionnement psychologique. Généralement, le prosélytisme accentue les spécificités d’un mouvement comme condition souvent exclusive du salut.
On peut dire qu’il y a prosélytisme dès que les motivations sont indignes, les méthodes sont indignes ou que le message est indigne (en rabaissant la foi d’autres personnes).
Les évangéliques rejettent et condamnent le prosélytisme. Ils ont en revanche à cœur, comme l’a enseigné le Christ, de partager leur découverte personnelle de l’Evangile par le biais du témoignage personnel ou d’actions d’évangélisation. Dans les deux cas, il s’agit d’une présentation de l’Evangile honnête et ouverte, laissant toute liberté aux auditeurs de se faire leur propre opinion. Il faut donc faire une claire distinction avec le prosélytisme. L’évangélisation est destinée à informer nos contemporains afin de leur donner l’occasion d’établir un contact personnel avec Dieu.

Les évangéliques et la liberté religieuse

L’Alliance évangélique mondiale, mouvement faîtier des évangéliques qui représente 420 millions de chrétiens dans 127 pays, s’oppose au prosélytisme mais soutient la pleine liberté religieuse conformément à la définition de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies (articles 18 et 19). Cette liberté garantit aux adeptes de toutes les religions le droit de partager leurs croyances, laissant à chacun la liberté de conscience d’adopter la foi de son choix.

Les évangéliques et la politique

Bien intégrés dans le tissu social, économique, associatif et politique, les évangéliques s’intéressent à leur prochain et au bien-être commun. Ils tiennent à l’indépendance entre l’Eglise et l’Etat, mais à titre individuel, certains évangéliques s’engagent en politique. On en trouve dans tous les partis, partageant souvent les mêmes valeurs éthiques, sociales, et humanitaires. Comme dans d’autres pays européens, la Suisse compte deux partis politiques proches des milieux évangéliques sur le plan des valeurs, même si leurs positions politiques ne sont pas nécessairement partagées par l’ensemble des évangéliques.

Chiffres

Les principales Eglises évangéliques en Suisse

On compte une soixantaine d’unions d’Eglises évangéliques en Suisse, regroupant un millier d’Eglises environ (sans compter les Eglises indépendantes ou étrangères, ni la mouvance évangélique au sein des Eglises réformées). Les principales sont :
– Union des Eglises évangéliques Chrischona (UEEC) : 100 Eglises (6 en Suisse romande)
– Union des Eglises évangéliques méthodistes (UEEM) : 80 (4) – Union des Eglises évangéliques libres (FEG) : 79 (0)
– Armée du Salut (AS) : 75 (21)
– Mission pentecôtiste suisse (SPM) : 63 (0)
– Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE) : 48 (48)
– Union des Assemblées Missionnaires (UAM) : 45 (7) Il faudrait ajouter, en Suisse romande : Conférence des Eglises africaines (24), Assemblées évangéliques des frères (16), Eglises de Réveil (15), Assemblées chrétiennes de Suisse romande (15), Action Biblique (13), Assemblées de frères dites Darbystes (13), Eglises du Plein Evangile (11), Eglises apostoliques (9), Eglises mennonites (6), Fraternité Chrétienne (6), Eglise Libre de Genève (6), Association des Eglises baptistes (6), etc.

Les chrétiens évangéliques…

… dans le monde:

  • … dans le monde: 420 millions de chrétiens évangéliques sur le 1.9 milliard de chrétiens 100% 100%
  • Europe 17 millions 4.04% 4.04%
  • Afrique 116 millions 27.62% 27.62%
  • Amérique du Nord: 99 millions 23.57% 23.57%
  • Amérique latine: 55 millions 13.1% 13.1%
  • Asie: 133 millions 31.67% 31.67%

… en Suisse:

  • 250’000 chrétiens de conviction évangélique 100% 100%
  • … dont 42’000 en Suisse romande 16.8% 16.8%

Un dynamisme associatif

La Suisse romande à elle seule compte une centaine d’organisations associatives évangéliques. Ces dernières peuvent être classées dans six domaines d’activité :
1. La formation, les librairies et les maisons d’édition (formations théologiques, édition de Bibles, d’ouvrages théologiques, de témoignages, etc.)
2. Les activités liées à la jeunesse (crèches, camps pour les enfants, groupes bibliques ou chorales d’enfants notamment)
3. L’accompagnement spirituel et psychologique, le social (prises en charge de toxicomanes, de jeunes délinquants, de femmes en détresse, EMS, etc.)
4. L’aide humanitaire et l’aide au développement (programmes d’alphabétisation, d’alimentation, d’accès à l’eau potable, de sensibilisation à l’hygiène, d’aide aux handicapés, etc.)
5. La mission, l’évangélisation (traduction de la Bible, aide aux chrétiens persécutés, groupes bibliques universitaires, etc.)
6. Les arts et les médias (écoles de musique, distributeurs de musique chrétienne, émissions de télévision et de radio, presse écrite, etc.)

La plupart de ces organisations s’identifient au mouvement évangélique tout en étant indépendantes sur le plan ecclésiastique et/ou dénominationnel.

Les évangéliques sont répartis dans une multitude de dénominations.

Les Suisses sont habitués aux Eglises réformée et catholique, qui représentent toutes de nombreuses paroisses sous une même étiquette. Chez les évangéliques, il en va bien autrement, puisqu’ils portent près d’une trentaine d’étiquettes différentes rien qu’en Suisse romande.
L’absence d’une hiérarchie afirmée, d’un clergé ou d’une structure unique surprend et parfois déroute. Les évangéliques peuvent être considérés comme une famille dans laquelle l’essentiel du «patrimoine génétique» est commun à tous les membres qui la composent.
Seuls quelques «chromosomes» diffèrent et vont donner naissance à des Eglises variées. Les évangéliques ont néanmoins l’essentiel en commun. L’histoire, la compréhension variée de certains aspects théologiques et ecclésiaux secondaires, expliquent que les croyants se regroupent en diverses dénominations.